Vendredi 20 avril 2018 – 9h00
Dans ce camion qui enchaîne virage sur virage vers une destination inconnue, les visages sont tendus. Ce groupe d’habitude souriant et bavard, garde le silence. Les stagiaires ont un air grave et concentré. On sent la tension monter au fur et à mesure que la route défile, les rapprochant de ce pourquoi ils sont venus. Ce matin, une partie de la portée 2018 des poussins Pitroux s’apprête à quitter le nid.
Chacun dans leur coin, ils ne sont pas tout à fait convaincus d’être prêts à voler. Sans le dire aux autres, ils croisent les doigts pour que les moniteurs ne se soient pas trompés sur leur niveau. Normal, il y a encore trois jours, ils n’avaient jamais touché un parapente de leur vie. Et là, ils vont décoller seuls pour évoluer à 300 mètres au dessus du sol avant d’aller se poser, comme des papillons, sur un terrain qui leur paraît minuscule. Mais pour le moment, c’est surtout dans leurs ventres que les papillons évoluent.
Bien sûr, ce n’est pas à eux de savoir s’ils sont prêts ou non, mais à l’équipe d’encadrement qui les a préalablement formés en pente école afin de leur donner les bases qui vont leur permettre de déployer leurs ailes en toute sécurité. Voici comment ils en sont arrivés là :
17 au 21 avril : stage initiation à Treignac
En plus de l’école Pitroux à l’année, le club propose parfois des stages compactés à des tarifs négociés avec des écoles réputées pour leur sérieux et leurs compétences. Cette année, c’est Fred Varrey de MMVL parapente Corrèze qui a ainsi vu débouler cette fine équipe de débutants. Sa mission, les former en 5 jours, afin qu’ils puissent prendre leur envol dans les meilleures conditions.
17, 18 et 19 avril : pentes écoles
Les trois premiers jours du stage commencent tôt et finissent tard. L’idée est d’optimiser au mieux les différents créneaux de la journée. Entre cours théoriques et exercices pratiques pour apprendre les techniques de base, les élèves n’ont que peu de temps de répit. Après une présentation détaillée du matériel, place aux premiers exercices dans la pente école.
Dès le premier jour, il n’est pas rare de voir les élèves décoller après un bon gonflage de leurs ailes. L’avantage des pentes écoles est qu’elles présentent toutes les conditions pour progresser sans se mettre en danger.
Faire voler un parapente n’est pas compliqué mais souvent contre-intuitif. Il s’agit donc dans un premier temps d’apprendre aux élèves à se débarrasser de leurs mauvais réflexes en décomposant consciemment les différents temps nécessaires à l’envol, puis à les répéter jusqu’à ce qu’ils s’enchaînent naturellement. Les erreurs faisant partie du jeu, les petites chutes arrivent de temps en temps, mais ne sont jamais graves et sont l’occasion de mieux comprendre les réactions de cette immense bâche de 25m² qu’ils essayent tant bien que mal de garder au-dessus de leurs têtes.
Durant les trois jours de pente école, les élèves progressent différemment, chacun son rythme, ses facilités ou blocages. Le rôle des moniteurs est d’amener tout ce petit monde à un niveau minimum pour qu’ils aient les gestes garantissant un décollage, un vol et atterrissage, en toute sécurité.
A la fin du troisième jour, le verdict de Fred tombe : tous les poussins Pitroux sont prêts. Rendez-vous le lendemain matin à 8h00 au bureau de l’école pour le point météo et en avant pour l’aventure !
Vendredi 20 avril : grands vols
Suite aux entraînements, les élèves ont beaucoup progressé et n’ont plus d’appréhension face à ce matériel qui leur paraissait si complexe quand ils l’ont découvert. Ils gonflent et regonflent en rigolant. Leur aile ne leur fait plus – trop – peur et ils savent la manier avec suffisamment de technique pour envisager un grand vol.
Pourtant, dans ce fameux camion qui les montent vers le déco, ils ne font pas les malins. Entre décoller sur une pente école et décoller pour un grand vol, techniquement il n’y a aucune différence, tout se joue dans la tête. Et, quand la tête dit que c’est une folie, on peut très vite perdre son assurance.
Certains sont incrédules, d’autres un peu tétanisés, d’autres encore ont l’impression d’avoir tout oublié, mais ils sont tous à pied d’oeuvre. Prêts à vivre ce grand moment.
Pierrot est au guidage radio pour le déco, la mise en sellette loin du relief et les premiers exercices, Fred est en bas pour la prise en charge pendant le vol, l’approche du terrain et l’atterrissage. Le rôle des moniteurs est prépondérant, ils sont le seul lien avec l’élève pendant le vol. Ils n’ont que quelques fractions de seconde pour évaluer la montée de l’aile, sa temporisation, puis la course d’élan qui va permettre l’envol. Ils sont également la petite voix qui les accompagne pendant le vol, celle qui sait les rassurer ou, si nécessaire, les ramener à la raison. Celle qui saura les guider vers un atterrissage en douceur.
10h00 : ils décollent !
Ce matin du vendredi 20 avril, vers 10h00, après trois jours d’apprentissage express, Lucie, Antoine, Baptiste, Hoang et Jules, les cinq poussins Pitroux inscrits au stage initiation ont connu l’émotion de leur premier grand vol en solo. Ils ont tous parfaitement géré le moment et tous ont atterris quelques 300 mètres plus bas, juste à côté de Fred… comme des papillons.
La suite de l’histoire leur appartient désormais…
Les stagiaires init :
Les stagiaires perf :
Merci à l’école MMVL Parapente Corrèze (et donc Fred) pour son accueil et son professionnalisme. Si ce récit vous a donné envie de découvrir le parapente, n’hésitez surtout pas à les contacter :
- 06 21 38 63 69 (Fred ou Caroline)
Crédits
- Photos : Lolita pour MMVL / Guillaume
- Article : Guillaume pour les Pitroux
J’ai fait mon initiation avec Fred en Corrèze, puis quelques stages de perf. Fred est un super pédagogue et sait nous donner confiance. Je sais à quel point le premier grand vol est un moment inouï, bravo à tous les élèves ainsi qu’aux encadrants !
Merci Guillaume. Compte rendu très sympa et pédagogique. Ça fait plaisir de voir la relève. Et puis y’a mon fiston Baptiste.
Un grand bonjour du Chili ou je vole de nouveau, sans fumée sans alcool je vole comme dis la chanson.